Posté le 07/02/2022
par Fabien Calmels
Chez kinome, nous pensons qu'il est important d'expliquer pour quelles raisons la prescription d'exercices est de plus en plus employée par les kinés (voir même les ostéopathes), mais surtout de plus en plus prouvée par les études scientifiques. Le kinésithérapeute est un expert du mouvement, et va pouvoir guider son patient sur les paramètres de l'exercice (amplitude, charge, répétitions, temps de repos), mais il va aussi essayer de trouver l'exercice qui correspond le mieux à son patient, en fonction de ses capacités, de ses envies et de ses objectifs. Dans cet article, nous allons essayer de vous préciser quelques règles sur lesquelles s'appuient les professionnels de santé pour prescrire les exercices les plus adaptés à leurs patients et ainsi les faire progresser.
Concrètement, sur un exercice donné, le thérapeute va modifier le positionnement de la personne pour modifier les contraintes sur le tissu. Par exemple, lors d'un mouvement de squat, le kiné demandera à son patient de reculer plus ou moins les fesses, ou surélèvera les talons de celui-ci, dans le but de modifier les contraintes fémoro-patellaires. C'est par la modification de la biomécanique que les contraintes tissulaires peuvent être augmentées ou diminuées.
Aussi, le kiné peut jouer sur des paramètres tels que la vitesse d'exécution, les répétitions, ou la charge pour modifier la cinétique du corps et ainsi modifier les contraintes sur les tissus. Par exemple, sur ce même squat, la consigne peut être de descendre très lentement pour mieux contrôler les forces qui s'appliquent sur l'articulation fémoro-patellaire.
De plus, il connaît aussi les effets biologiques d'un stimuli sur les différents tissus. C'est ce qu'on appelle la mécanotransduction.
Prenons l'exemple du tissu musculaire. Un exercice avec de la charge externe élevée ou un exercice réalisé avec beaucoup d'amplitude va permettre la synthèse de plus de protéines musculaires. Autre exemple, un exercice répété beaucoup de fois (beaucoup de séries et répétitions) ou un exercice de travail excentrique (travail de freinage) vont permettre de différencier des cellules satellites en cellules musculaires supplémentaires. Aussi, réaliser des exercices, avec beaucoup de temps sous tension (vitesse lente, répétitions multiples) et avec peu de temps de repos (même si la charge et l'amplitude sont limitées) accroît l'accumulation de lactates, ce qui perturbe l'équilibre énergétique et l'homéostasie du pH, entrainant donc la synthèse protéines musculaires.
De même, l'exercice dosé et contrôlé va avoir des effets bénéfiques sur la trophicité du cartilage articulaire, et même favoriser l'activité anabolique (activité de croissance) du cartilage, toujours par ce mécanisme de mécanotransduction.
Enfin, pour le tissu tendineux, le but de l'exercice est de favoriser la synthèse de collagène pour le rendre plus épais et plus résistant.
Précédemment, nous avons vu que le kiné connaissait les effets biologiques d'un exercice, mais il va être particulièrement attentif à la spécificité de la personne et de ses objectifs. Il est qualifié pour analyser l'activité physique et choisir les exercices les plus appropriés pour son patient.
Par exemple, un athlète après une blessure, va devoir soulager la partie de son corps blessée, tout en conservant une certaine intensité de contraintes pour éviter que d'autres tissus se déconditionnent, et ainsi diminuer le risque de nouvelle blessure (différente de la première) lors du retour au sport, ou éviter une phase de réathlétisation plus longue pour retrouver l'ensemble de ses capacités.
Le rôle du kiné est de prescrire des exercices qui remplissent au mieux ces objectifs. Pour cela, il va essayer d'adapter les exercices, en jouant sur les paramètres (positionnement, charge, mode de contraction, contrôle moteur, geste technique, etc.)
Le kiné est aussi attentif à la personne en elle-même et évalue les paramètres pour lesquels elle nécessite de l'aide, comme la résilience, la kinésiophobie (peur du mouvement car peur des douleurs) ou l'exposition graduelle.
Par exemple, certains patients doivent être soumis à des exercices difficiles pour renforcer leur résilience psychologique. Dans d'autres cas, il vaut mieux prescrire des exercices doux, relaxants pour ceux qui sont déjà très stressées au quotidien. Et pour d'autres, un cadre précis et un rappel constant des consignes est necessaire pour pouvoir évoluer sereinement.
Le kiné peut parfaitement avoir évalué les besoins du patient, mais sans son adhésion, cela ne fonctionnera pas. Pour obtenir la collaboration de ses patients, le thérapeute va explorer certaines pistes et va surtout analyser les envies des patients.
De manière générale, le kiné évalue le niveau d'autonomie que veut avoir son patient, prend en compte ses envies et ses obligations (familiales, professionnelles, etc.) et le temps qu'il pourra consacrer à ses exercices. Il essaie donc de proposer le support de prescription le plus adapté à son patient.
Par exemple, à l'aide d'une solution numérique comme Kinome. Il essaie d'inclure des exercices dans une routine quotidienne, un exercice répétitif au cours de la journée, ou un programme à faire une ou plusieurs fois par semaine.
Dans certains cas, le patient préfère des exercices prescrits avec des consignes, ou bien parfois, il préfère des exercices créés en collaboration avec son kiné.
De même, le patient a besoin de repères et une certaine prévisibilité sur le pronostic. Pour cela, des indicateurs de progression, ou des consignes sur le niveau de douleur acceptable peuvent être requises.
Le patient doit avoir la sensation d'appartenir à un projet et sentir qu'il en est l'acteur principal.
Enfin, les exercices doivent être plutôt un exutoire et non pas une contrainte supplémentaire au quotidien.
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